Introduction
Pour la saison 2022/2023, le Système National d’Observation de la Sécurité en Montagne [1] a recensé plus de 50 000 blessés pour 51 millions de journées skieurs sur le domaine français, soit une incidence de 1054 journées-skieurs pour un blessé.
Quels sont les facteurs de risques de blessures ?
Bahr et Krosshaug [2], en 2005, avaient décrit les facteurs de risques de blessures pour un athlète : il en existe 3 types : les facteurs intrinsèques à l’athlète, les facteurs extrinsèques s’exerçant sur l’athlète et l’évènement déclencheur faisant de lui un blessé.
Dans le domaine des sports de glisse :
- Facteurs de risque intrinsèques : l’âge, le sexe, le niveau de pratique, le niveau sportif, l’état physique, les antécédents traumatiques, le comportement, les connaissances ;
- Facteurs de risque extrinsèques : le type de glisse (ski, snowboard, luge, …), la date et l’heure de la pratique, les conditions météorologiques, l’état de la neige, le type de piste, le matériel de protection ;
- L’évènement déclencheur : la chute solitaire, la collision entre usagers, la collision contre un obstacle.
Parmi les blessés en ski, les lésions les plus fréquentes touchent le membre inférieur dans 55% des cas (lésion du ligament croisé antérieur, …) et le membre supérieur dans 29% des cas (fracture du poignet, entorse du pouce, luxation de l’épaule, …).
Parmi les blessés en snowboard, les lésions les plus fréquentes touchent le membre supérieur dans 61% des cas (fracture du poignet, luxation de l’épaule, …) [3].
Les fractures du radius distal et sports d’hiver
Parmi les sports les plus à risque de fracture du radius distal, les sports d’hiver sont sur le podium : en 3ème position pour le snowboard (11%), en 4ème position pour le patinage sur glace (9,1%) et en 5ème position pour le ski (6,3%) [1].
L’incidence des fractures du radius est 18 fois plus élevée pour les pratiquants de snowboard que pour les pratiquants de ski. Le profil du snowboardeur blessé est un jeune adulte, peu expérimenté, n’ayant pas pris de cours avec un professionnel et ne portant pas de protection des poignets [2,3].
Chez le snowboardeur ayant un traumatisme du poignet, le diagnostic le plus fréquent est la fracture du radius distal dans 85% des cas, puis les fractures des os de l’avant-bras dans 6% des cas et la fracture du scaphoïde dans 2% des cas. Parmi les types de fracture du radius distal, il s’agit plus fréquemment d’une fracture extra-articulaire simple type A2 selon la classification AO (37%) et d’une fracture intra-articulaire simple type C1 selon la classification AO (27%) [3].
Prise en charge des fractures du radius distal
Cliniquement, la fracture du radius distal est diagnostiquée par la classique déformation en dos de fourchette lorsqu’il existe un déplacement postérieur de la fracture. Il faut rechercher une plaie et des troubles sensitifs qui sont des signes de gravité. Les radiographies standards font le diagnostic. Un scanner est parfois nécessaire pour évaluer les fragments et rechercher des lésions associées.
Le traitement conservateur par une immobilisation par une manchette est indiqué en cas de fractures non déplacées ou de fractures de l’enfant.
Une réduction et ostéosynthèse est nécessaire lorsque les fractures sont déplacées. Le type d’ostéosynthèse privilégié actuellement est l’ostéosynthèse par plaque antérieure car elle a plusieurs avantages [4-9]: technique mini-invasive possible avec ses avantages (esthétique, respect de la vascularisation, retour aux activités plus rapide), stabilité de l’ostéosynthèse permettant la mobilisation précoce du poignet, diminution du risque de déplacement secondaire, fiabilité du matériel avec large panel de plaques s’adaptant à la plupart des morphologies et types de fractures…
Conclusion
Lors de la pratique des sports d’hiver, la prévention des chutes permet de diminuer l’incidence des fractures notamment en agissant sur les facteurs de risques modifiables : facteurs intrinsèques comme le niveau de pratique, l’état physique, le comportement, les connaissances ; facteurs extrinsèques : le type de glisse (ski, snowboard, luge, …), les conditions météorologiques, l’état de la neige, le type de piste et surtout le matériel de protection : port d’un casque et de protection des poignets.
En cas de fracture du radius distal, l’ostéosynthèse par plaque antérieure est le moyen de fixation privilégié permettant une mobilisation précoce avec un taux de complication inférieur aux autres techniques.
Luxation de l’épaule
De quoi on parle ?
Il s’agit d’une perte de congruence entre la tête de l’humérus et la glêne de la scapula. Majoritairement d’origine traumatique, elles sont très souvent antérieures (96-98% des cas). Ces luxations concernant très souvent une population jeune et sportive.
Les mécanismes les plus fréquents sont une chute sur la paume de la main ou lors d’un mouvement d’armé du bras contré.
Quelle prise en charge aux urgences ?
Plusieurs signes orientent vers une luxation antérieure :
- Attitude du traumatisé du membre supérieur,
- Comblement du sillon delto-pectoral,
- Signe de l’épaulette,
- Coup de hache externe.
Il est primordial de recherche des complications vasculaires, neurologiques ou osseuses (fractures).
Une radio permettra de confirmer le diagnostic et de mettre en évidence une éventuelle fracture.
Quelle méthode de réduction idéale ?
Il existe de multiple façon de réduire une luxation antérieure d’épaule. Nous pouvons la réduire avec sous appui axillaire.
L’essentiel est d’avoir un patient qui soit relâché, coopérant et indolent.
Que faire après avoir réduit une luxation d’épaule ?
Bien que la durée d’immobilisation ne soit pas consensuelle, une tendance en ressort avec une immobilisation coude au corps pendant 3 à 4 semaines. Cette durée sera diminuée chez les patients âgées afin d’éviter un enraidissement
Après 40 ans, 35% des patients peuvent présenter une rupture de la coiffe des rotateurs. Ce chiffre peut monter jusqu’à 80 % après 60 ans. Il est donc essentiel de proposer une échographie ou une IRM à la recherche d’une atteinte tendineuse.
L’objectif principal est d’éviter une récidive de luxation. Pour se faire, de nombreuses études ont constatés qu’un patient de moins de 30 ans avait entre 40 et 92% de se reluxer l’épaule si un traitement conservateur était proposé (immobilisation par attelle). Il en ressort donc qu’un des facteurs de risque principal est l’âge de la première luxation et que par conséquent un traitement chirurgical après le premier épisode doit être proposé surtout chez les sujets jeunes et sportifs.